Dal quotidiano “Le Figaro”: À Nice, des prières musulmanes dans des écoles publiques font scandale

French member of Municipal Police Pierre Thomas patrols in "Ray Gorbella" school on the French riviera city of Nice, on November 29, 2019. Thomas' mission is unique in France : after the Promenade des Anglais attack in 2016, the mayor of Nice Christian Estrosi, advised by an Israeli cabinet, made securing schools a battlehorse, asking to appoint an armed policeman in each school, what was refused by the government. (Photo by VALERY HACHE / AFP)


À Nice, des prières musulmanes dans des écoles publiques font scandale
Des élèves de CM1 et de CM2 ont aussi observé une minute de silence « à la mémoire du prophète Mahomet ».
Caroline Beyer£@beyercaroline et lucas Hélin · 17 Giu 2023

Des élèves de CM1 et de CM2 de trois établissements publics ont effectué «la prière musulmane » dans la cour de récréation et ont observé une minute de silence «à la mémoire du prophète Mahomet ». Pour le maire de Nice, Christian Estrosi, il ne s’agit pas d’une « affaire religieuse », mais de « provocation politique ».
Éducation Ce sont des atteintes à la laïcité commises par des élèves de CM1 et CM2 dans trois écoles niçoises. Une affaire qui vient ébranler un peu plus l’éducation nationale et son ministre, Pap Ndiaye, qui, après avoir temporisé ces derniers mois sur la question laïque, affiche désormais la fermeté.
Dans un courrier adressé le 14 juin à la première ministre, et publié sur les réseaux sociaux, le maire (Horizons) de Nice, Christian Estrosi, indique que l’inspecteur académique local l’a informé la veille du fait que des élèves de CM1 et CM2 ont «fait la prière musulmane dans la cour de récréation de leur établissement» ou organisé
« une minute de silence à la mémoire du prophète Mahomet ». Des situations « qui se seraient également déroulées au sein d’établissements du second degré», ajoute le maire de Nice, qui appelle à une réponse
« ferme, collective et résolue ». Il demande à Élisabeth Borne de
«renforcer l’action de l’état» pour que ces attaques contre la laïcité soient « fermement combattues ». Pour l’édile, qui a tenu vendredi après-midi une conférence de presse, il ne s’agit pas d’une « affaire religieuse», mais de « provocation politique». «On ne peut pas accuser des enfants de cet âge d’en être à l’origine. Il y a forcément une instrumentalisation, de la famille ou de manipulateurs dans les quartiers. »
Les services de l’éducation nationale ont confirmé les faits. Ils se sont déroulés à l’heure de la pausedéjeuner et ont été rapportés aux directeurs d’école par les personnels de la cantine. Rectrice de l’académie de Nice, Natacha Chicot précise au Figaro que les prières ont été organisées par dix élèves de CM1 dans une première école, le 16 mai, puis par trois enfants du même niveau dans une autre école, le 5 juin. Dans un troisième établissement, un élève de CM2 a pris l’initiative, le 8 juin, d’organiser la minute de silence, en appelant ses camarades à y participer. Un comportement qui a été signalé comme
«suspicion de radicalisation» à la préfecture des Alpes-maritimes. «Ce sont des faits très graves, mais qui restent très rares», précise la rectrice. Une enquête de l’inspection générale a été diligentée « pour établir précisément les faits et en tirer les conclusions utiles», indique de son côté l’éducation nationale.
Quel est le profil des établissements concernés ? Selon des sources concordantes, il s’agit des écoles Saint-sylvestre, Fouont-cauda et Bois-de-boulogne. Si cette dernière est située dans le quartier réputé sensible des Moulins, dans l’ouest de la ville, les autres sont situées dans des quartiers plus aisés du centre-ville. Deux établissements secondaires sont également concernés par des faits similaires. Il s’agirait du lycée Honoré-d’estienne-d’orves, l’un des plus importants de Nice, et du collège Pablo-picasso de Vallauris, commune située entre Antibes et Cannes.
« Entrisme religieux »
Vendredi matin, sur Twitter, Pap Ndiaye a qualifié les faits d’« intolérables », expliquant mobiliser « immédiatement les équipes valeurs de la République ». Si le ministre a pu être accusé, au cours des mois passés, de ne pas se montrer assez ferme sur la laïcité, notamment sur le phénomène des abayas, il s’évertue désormais à afficher sa vigilance contre l’« entrisme religieux». Même si, en parallèle, il a récemment dénaturé le Conseil des sages de la laïcité, installé en 2019 par son prédécesseur, en lui imposant une laïcité résolument « ouverte », élargie, de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme à l’égalité femmes-hommes. Quelques semaines après la polémique sur le fort taux d’absentéisme pour l’aïd, et au moment où le sujet des abayas refait surface, Pap Ndiaye a demandé le 7 juin aux recteurs de la « fermeté » dans l’application des principes laïcs. Rappelant qu’il n’y avait pas d’établissement scolaire de « nondroit», il leur a enjoint de « travailler en coordination avec les préfectures » et de « partager en interministériel les différentes situations ». Selon les derniers chiffres de l’éducation nationale, portant sur le mois de mai, plus de la moitié des atteintes à la laïcité déclarées (56%) concernent le port de tenues et de signes religieux, comme les abayas et les qamis. Une proportion en hausse de 14 points par rapport au mois précédent.
Dans l’affaire niçoise, l’éducation nationale et la ville de Nice ont rappelé, dans une déclaration commune publiée vendredi, que le principe de laïcité « s’impose sur le temps de classe comme sur le temps périscolaire ». Les deux parties s’engagent donc à proposer un module de formation « commun », réunissant les personnels de l’éducation nationale et ceux de la ville. Dans son courrier à la première ministre, Christian Estrosi demande aussi, «à l’heure où les familles parties faire le djihad en Syrie commencent à revenir en France», que les maires, «premières vigies de la République », soient informés des établissements dans lesquels sont scolarisés « ces enfants que nous devons suivre avec une grande vigilance ». Un point sur lequel l’exécutif n’a pas, pour l’heure, réagi. ■